(ats) Le renchérissement étant resté négatif, la hausse comprise entre 0,5 et 1% peut être qualifiée "d'acceptable", a déclaré à Berne Gabriel Fischer, responsable de la politique économique de l'organisation faîtière. Toutefois, "des ombres sont à déplorer au tableau".
Travail.Suisse regrette notamment "qu'il y ait eu des tours pour rien, certains pour la troisième fois de suite". En pâtiront de manière particulière aiguë les employés de la construction métallique, pour qui c'est la seconde année sans évolution salariale, et ceux de la carrosserie et de l'industrie du meuble, touchés pour la 3e année de suite.
Idem pour le personnel fédéral qui doit se contenter d'un gel des salaires pour la 2e année consécutive, alors que la Confédération devrait dégager un excédent qui se chiffre en milliards en 2016, a ajouté Stefan Müller-Altermatt, président du syndicat Transfair. Pour le conseiller national (PDC/BL), cette position est "incompréhensible".
Le secteur principal de la construction, où les négociations sont toujours en cours, n'a plus connu d'augmentation réelle des salaires depuis deux années consécutives, a rappelé Arno Kerst, président de Syna. "L'aspect positif est que les accords salariaux sont souvent accordés de manière collective", a-t-il ajouté. Donc, les augmentations, même si elles sont souvent modestes, profitent à tous.
Le commerce de détail est également sous pression. "Le comportement des deux grands acteurs du marché Coop et Migros n'est pas glorieux; d'autant plus que les ajustements extrêmement modérés seront répartis individuellement", constate Arno Kerst.
Risque de travail gratuit
De façon générale, Gabriel Fischer déplore l'attribution majoritairement individuelle des hausses de salaires. Cela est problématique, car "elles ne sont pas distribuées en toute
transparence, mais de façon arbitraire jusqu'à un certain point", a-t-il déclaré. De plus, la participation aux résultats est réservée à quelques personnes seulement.
Arno Kerst a pointé également du doigt les heures supplémentaires non payées. Selon lui, "le risque de travail gratuit indésirable est aujourd'hui très élevé".
De plus, comme les accords salariaux sont très modestes pour la 3e année d'affilée, un "certain besoin de rattrapage" se fait sentir, estime Gabriel Fischer. En août, lors de l'ouverture des négociations salariales, Travail.Suisse revendiquait une hausse salariale de 1% pour la plupart des employés.
Geste pour les femmes
Etant donné le résultat, Gabriel Fischer estime que les patrons auraient dû faire un geste pour les salaires des femmes ou la réglementation du congé paternité. "Malheureusement, ils ont manqué cette occasion. Cette année non plus, ils n'étaient pas prêts à faire un effort en faveur de la parité salariale", précise-t-il.
Le président de Syna reconnaît qu'il n'est pas toujours simple de négocier au niveau des salaires, surtout si la branche est en train de discuter le renouvellement de la convention collective. Le secteur de l'hôtellerie-restauration, où les salaires minimaux augmenteront de 0,3% en 2017, a ainsi privilégié l'aboutissement d'une convention collective nationale.
Comme l'actuelle convention sera échue à la fin de l'année, "il était absolument primordial d'obtenir un résultat, sinon l'hôtellerie-restauration se serait retrouvée dans une situation dangereuse de vide conventionnel", a déclaré Eric Dubuis, secrétaire romand et membre de la direction de Hotel & Gastro Union. Des risques de dumping auraient alors été possibles.