Un employé peut générer jusqu'à 364'000 francs de bénéfice par an

(ats) L'Union syndicale suisse (USS) a estimé les bénéfices générés par un employé dans plusieurs branches économiques. La palme revient à l'industrie pharmaceutique où le bénéfice réalisé par collaborateur atteint 364'000 francs par an.

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"Une ouvrière de l'industrie horlogère payée environ 3500 francs procure à son entreprise un bénéfice de près de 79'000 francs", a déclaré Vania Alleva, présidente du syndicat Unia. Dans le bâtiment, chaque ouvrier génère par son activité près de 9000 francs de bénéfice par an.

Tenir compte du contexte économique

Pour l'USS, les négociations salariales déjà terminées tiennent trop peu compte du nouveau contexte de reprise économique. Des hausses sensibles de 1,5 à 2% des salaires sont nécessaires. L'Union patronale suisse trouve ces exigences trop élevées.

"La situation économique est nettement meilleure que ce qui était prévisible il y a six mois encore", lors de l'ouverture des négociations salariales, a affirmé Paul Rechsteiner,
président de l'USS. La faîtière a donc décidé de sensibiliser le monde économique à cette évolution.

Vania Alleva estime les résultats obtenus pour son syndicat aux alentours de 1%. "S'ils sont meilleurs que ceux des deux années précédentes, ils sont en dessous de nos
attentes" car il reste un besoin de rattrapage.

Pour l'ensemble des syndicats de l'USS, il est difficile de tirer un bilan car seule la moitié des négociations est terminée. Il manque de grandes entreprises comme La Poste, a ajouté Daniel Lampart, économiste en chef de l'USS.

Pour les négociations terminées, "il sera difficile de faire revenir les employeurs à la table", estime Vania Alleva. Toutefois, il est clair que dans certaines branches, comme la construction, "on ne va pas accepter aucune hausse. Les discussions vont se poursuivre au début de l'an prochain".

Les salaires réels risquent de baisser

L'USS veut donc des accroissements de salaires dans le haut de la fourchette de 1,5% à 2%. Elle motive ces hausses notamment par l'augmentation du renchérissement qui s'est porté à 0,7% en octobre. L'inflation progresse pour la première fois depuis cinq ans. S'ajoute la forte hausse des primes maladie.

Selon la faîtière, le renchérissement se maintiendra en 2018, en raison de la hausse du prix du pétrole et de la dépréciation du franc. L'inflation devrait se situer l'an prochain entre 0,5 et 1%, note Daniel Lampart. S'y ajoute une hausse des cotisations au 2e pilier, qui feront pression sur le revenu disponible.

"En l'absence de hausse sensible, les salaires réels vont baisser. C'est inacceptable", complète Paul Rechsteiner.

Selon la faîtière, l'analyse des accords obtenus fait apparaître qu'à l'exception du secteur principal de la construction, des hausses de salaires "consistantes" ont souvent été obtenues dans des branches dotées d'une convention collective de travail (CCT).

Zalando: 17 francs l'heure

L'USS cite en exemple l'accord trouvé avec Givaudan, le groupe genevois, numéro un mondial des arômes et des parfums. Pour 2018, une hausse de 1,5% a été obtenue et 20 francs supplémentaires pour les primes maladie.

La faitière exige donc davantage de CCT contenant des dispositions sur les salaires, comme par exemple, pour le commerce de détail, le journalisme ou l'accueil des enfants. Ces conventions entraînent une répartition des salaires plus équilibrée entre bas et hauts revenus et empêchent la sous-enchère salariale.

A titre d'exemple, Paul Rechsteiner ajoute que "l'on ne saurait admettre que, comme maintenant à Arbon (TG), une entreprise telle que Zalando verse un salaire de 17 francs de l'heure".

Hausses trop élevées pour les patrons

Contactée par l'ats, l'Union patronale suisse (UPS) estime que les hausses de salaires exigées par l'USS sont assez élevées. "De nombreuses entreprises souffrent encore du choc du franc fort et ont un besoin urgent d'investir à nouveau", note Fredy Greuter, membre de la direction de l'UPS.

Selon les patrons, des hausses de salaires sur un large front menacent la capacité concurrentielle de la Suisse. De plus, l'UPS note que les salaires réels des employés ont augmenté chaque année de 1,2% entre 2008 et 2016, selon un sondage d'UBS. "Il n'y a donc pas de besoin de rattrapage actuellement", ajoute Fredy Greuter.

L'Union patronale se base aussi sur des données du Centre de recherches conjoncturelle (KOF) de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich pour mettre en avant que la part des salaires dans le calcul du produit intérieur brut (PIB) nominal a fortement progressé entre 2011 et 2016. De près de 58%, elle est "déjà" passée à 60%.