(ats afp) "Quelque chose s'est mal passé dans l'Union européenne", écrivent les signataires. Pour témoigner de "ce désordre", ils évoquent l'existence de "centaines de milliers de sociétés boîtes aux lettres", dont le "seul but" est "d'échapper aux taxes", ou encore des "décisions de la Cour européenne de justice" autorisant "la restriction des droits fondamentaux des salariés".
Ils s'insurgent aussi contre "l'incapacité de l'UE à empêcher le contournement des règles fiscales par les particuliers fortunés et les grandes entreprises" ou encore le fait que "de nombreuses entreprises continuent de fermer les yeux sur des fournisseurs qui ignorent les droits sociaux".
"La théorie de la 'suprématie actionnariale' a été promue par la Commission européenne alors que l'économie réelle et les salariés ont été oubliés dans le processus", dénonce cette tribune. Le texte souligne que depuis les années 1990, "les profits ont augmenté au détriment des salaires".
Limiter les sociétés boîtes aux lettres
Les signataires réclament des "limites strictes" aux sociétés boîtes aux lettres et au transfert des sièges sociaux. "Des règles devraient également être prévues pour empêcher les entreprises de contourner le paiement des impôts là où est produite la vraie valeur ajoutée", écrivent-ils, proposant aussi une autorité indépendante régissant la mobilité des salariés.
Autres propositions: renforcer les droits des syndicats et des comités d'entreprise, ou encore faire en sorte que les règles comptables des entreprises ne soient pas laissées à un organisme privé, l'International Accounting Standards Board, "principalement intéressé par la valeur actionnariale". Ces réformes "vitales" esquisseraient "un nouveau modèle européen qui nous différencie des modèles anglo-saxons et du capitalisme asiatique".
Parmi les signataires: Frances O'Grady, secrétaire générale du Trade Union Congress, les anciens Premiers ministres italien Enrico Letta et danois Poul Nyrup Rasmussen, Olivier Faure, premier secrétaire du PS français, l'économiste Thomas Piketty, Luca Visentini (secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats), l'ex-député européen Daniel Cohn-Bendit ou Nacho Alvarez, du parti espagnol Podemos.
Côté syndicats figurent les responsables des français CFDT, CFTC, Unsa, CFE-CGC, mais aussi de CGIL (Italie), SAK (Finlande) ou DGB (Allemagne).