Interview

«La résilience organisationnelle, une réponse pour les managers avertis»

Mathias Baitan est à l’origine de la première formation universitaire francophone dédiée à la résilience organisationnelle. Il explique en quoi cette discipline peut être bénéfique aux dirigeants d’entreprise pour mieux faire face aux défis de leur temps.

Activer les ressources disponibles pour faire face à une épreuve et la dépasser. Voilà le principe de la résilience, un phénomène qui intéresse depuis plusieurs décennies les psychologues. Depuis une dizaine d’années, des chercheurs et praticiens ont commencé à étudier comment la résilience peut être appliquée aux entreprises, de manière à mieux accompagner des changements intempestifs auxquelles elles font face. C’est notamment le cas de Mathias Baitan, qui dirige le Diploma of Advanced Studies «Résilience et Santé Organisationnelle» proposé par la Haute école de gestion de Genève.

Qu’est-ce que la résilience organisationnelle (RO)?

Il s’agit d’une jeune discipline appliquée, encore en pleine construction qui s’intéresse à la manière dont les entreprises appréhendent et s’adaptent à un environnement en constante mutation. Cette thématique était abordée jusqu’ici essentiellement via le champ de la stratégie d’entreprise, sous un angle avant tout économique. Les chercheurs en résilience organisationnelle ont élargi le débat en adoptant une approche pluridisciplinaire et résolument pragmatique. La RO accole à la vision économique des perspectives psychologiques, sociologiques, ou technologiques notamment, et y pose un regard nécessairement systémique et pragmatique. En ce sens, elle s’applique à des situations très concrètes rencontrées dans le cycle de vie des entreprises, qui vont des grandes réflexions stratégiques menées par des comités de direction à la conduite opérationnelle sur le terrain.

En quoi ce concept s’avère-t-il utile à un manager?

Son approche pluridisciplinaire appelle les managers à faire preuve d’une certaine flexibilité cognitive. Ils analysent sous différents angles les différentes situations rencontrées de manière interactionnelle, à différents niveaux d’analyse: l’individu, le groupe, l’entreprise, son environnement… Cette posture pluridisciplinaire et systémique engendre chez le manager une dose certaine d’humilité face à la complexité des défis auxquels il se confronte. D’autre part elle l’entraine à une certaine habileté à se mouvoir hors de son champ de compétence habituel.

Vous avez lancé une formation inédite en Suisse sur le sujet. Qu’est-ce que l’on y apprend concrètement?

Le rôle d’un formateur n’est pas d’énoncer des solutions, mais véritablement de doter les participants d’une capacité et d’une inspiration suffisante qui leur permette de s’activer habilement en contexte. Les participants travaillent en ce sens avant tout leur posture, celle de manager de l’incertitude. Ils coconstruisent au fil de la formation des socles qui pourront contribuer à favoriser la résilience de leur entreprise. Pour les accompagner, nous abordons des cas concrets d’entreprises qui ont su ou non dépasser leurs difficultés Nous débattons aussi des règles nécessaires mais aussi de l’autonomie indispensable à l’expression d’un bricolage salvateur dans leur propre contexte. Enfin, nous nous inspirons d’organisations connues pour leurs capacités d’adaptation en temps réel, comme les pompiers ou l’aviation par exemple.

Quels sont les retours que vous enregistrez de la part des participants à vos cours?

Il y deux éléments principaux qui ressortent. Premièrement nos participants – qui sont tous des managers expérimentés – se montrent très enthousiastes par rapport à l’approche pluridisciplinaire retenue, et notamment la variété des intervenants. Un jour nous pouvons accueillir un historien économique, le lendemain une dirigeante d’entreprise, et le surlendemain un pilote de ligne. Cela offre une mise en perspective des sujets abordés, voire parfois une remise en question qui permet de bousculer des certitudes. Nous enregistrons par ailleurs des retours très positifs sur le fait d’avoir mis l’accent sur une formation qui allie théorie et pratique, et qui soit applicable directement au contexte propre à chacun.

Biographie

Mathias Baitan est docteur ès sciences économiques et sociales de l’Université de Genève, et membre du corps enseignant de la Haute Ecole de Gestion de Genève (HEG-GE). Il est par ailleurs directeur du Diploma of Advanced Studies «Résilience et Santé Organisationnelle», et conseiller HR/OD dans le domaine tertiaire.

Information pratiques

DAS «Résilience et Santé Organisationnelle»

  • Crédits: 32 crédits ECTS
  • Durée: 10 mois, en emploi, deux vendredis après-midi et samedi matin par mois
  • Prochaine rentrée: septembre 2021
  • Inscriptions ouvertes jusqu’à fin juillet 2021
  • Prix: CHF 12'500.-
  • Lieu: HEG Genève, Campus de Battelle

Présentation complète sur le site de la HEG-GE

 

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Erik Freudenreich est le rédacteur responsable de la version française du site HR Today.

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