«Les étudiants suisses ont peu d’expérience du terrain»
Son regard sur les hautes écoles suisses est plutôt critique. «Les étudiants suisses qui sortent de l’université n’ont quasiment aucune expérience en entreprise. Paradoxalement, la Suisse, qui est la championne de la formation duale (apprentissage), a un système de formation supérieure très académique qui ne prévoit pas ou peu de stages professionnels durant le cursus», regrette-t-il. Ce serait une des raisons qui expliquerait pourquoi de nombreuses grandes entreprises établies en Suisse recrutent à l’étranger. Pour favoriser les interactions des étudiants avec des organisations, il a instauré dans son cours du Master en management de Genève, en partenariat avec des entreprises de l’économie locale (HUG, PWC, BNP Paribas et LODH), la réalisation d’un projet sous forme de consulting pour les entreprises.
Et son cursus à lui? Né à Paris en 1966, Michel Ferrary considère que sa vie privée ne regarde que lui. Il ne dira donc rien sur son enfance et la famille dans laquelle il a grandi. Après son bac, il décide d’étudier l’économie à l’Université Paris VII «parce que j’aimais bien». Il enchaîne avec un Master en sociologie à Sciences Po Paris, «parce qu’on ne peut pas se satisfaire d’un champ thématique pour expliquer la réalité». En sortant de l’université, il entre chez Accenture (conseils) puis chez Mac Group (qui appartient à la société de conseils Cap Gemini). Il revient ensuite dans le monde académique quand il est nommé professeur d’économie à l’ESSEC (Ecole supérieure des sciences économiques et sociales de Paris). Il n’a que 31 ans. Il travaille notamment sur le rôle des réseaux personnels dans le milieu des affaires. Ses recherches le font remarquer par Mark Granovetter (un des principaux représentants de la sociologie des réseaux sociaux), qui l’invite à l’Université de Stanford en Californie. Il y sera entre 1999 et 2001 et assistera à l’émergence puis à l’explosion de la bulle internet. Là-bas, il assiste en direct au démarrage de petites start-ups devenues aujourd’hui des marques mondialement connues (Google, Yahoo, eBay, Adobe).
En 2002, il revient en France et lance avec Eric Lapeyre, un ami, une technologie qui permet aux aveugles de lire la presse (Vocalpresse). Mais c’est bien le monde de la recherche et de l’enseignement qui l’intéresse par dessus tout. En 2005, il est nommé professeur au CERAM Business School de Nice (Sophia Antipolis), puis en 2010 il devient professeur ordinaire de gestion RH à l’Université de Genève, où il a remplacé Susan Schneider qui a pris sa retraite l’an dernier.