Conseils pratiques

«Améliorer l’ergonomie n’est pas forcément coûteux»

Comment réussir le retour au bureau des collaborateurs après des longs mois de télétravail? Les réponses d’un expert en ergonomie.

Quels sont les moyens d’améliorer le confort et l’ergonomie des employés qui reviennent travailler en présentiel. Les conseils de Claudio Doigo, fondateur de AS 5.0, expert en ergonomie, consultant et artisan de solutions chez Holistic Data Analysis.

Avec la fin progressive du travail à la maison, quels ajustements ergonomiques proposez-vous pour attirer les collaborateurs au bureau?

Claudio Doigo: Commencez d’abord par écouter les besoins des employés. Depuis une année, ils ont pris une série de bonnes et de mauvaises habitudes. Je pense par exemple qu’il y a un besoin de lien social, de lieux d’échanges et d’espaces de travail communautaires.

Le syndrome des bâtiments malsains est en hausse, notamment à cause des enveloppes des bâtiments trop étanches. Comment y remédier?

Il faut différencier entre les constructions Minergie et les autres. Dans cette deuxième catégorie, les adaptations sont relativement simples. Je conseille par exemple d’ouvrir les fenêtres durant cinq minutes toutes les heures. Cette ventilation naturelle n’est cependant pas sans inconvénients. Certaines personnes sont allergiques aux pollens par exemple. En été, ouvrir les fenêtres aura tendance à réchauffer la pièce. L’ouverture en hiver l'air frais stimule.

Concernant les bâtiments Minergie, il est important de veiller à l’entretien régulier du système de ventilation. Économiser sur ces révisions est une mauvaise idée, car c’est souvent là que les problèmes commencent. Il faut aussi veiller à éteindre les photocopieuses et les ordinateurs durant la nuit. Ces appareils produisent de l’ozone et consomment de l’électricité en mode veille. De manière générale, la pollution des bâtiments est un sujet vaste et complexe. Il vaut donc la peine de se montrer à l’écoute des collaborateurs: ont-ils trop chaud, trop froid, souffrent-ils d’irritations ou d’allergies? Voilà autant de symptômes qui méritent d’être appréhendés.

Les dirigeants d’entreprise craignent souvent les coûts induits par ces mesures d’assainissement. Peut-on faire de l’ergonomie à petit prix?

Oui, améliorer l’ergonomie n’est pas forcément coûteux. Un bon éclairage apporte par exemple énormément de bien-être pour peu d’investissement. Il va réduire la fatigue et diminuer le nombre d’erreurs. La norme est définie par une luminosité de 500 lux dans les bureaux. Je préconise d’augmenter ce seuil entre 600 à 750 lux. C’est une amélioration qui sera particulièrement perçue en automne et en hiver quand la lumière naturelle baisse. Cette luminosité est très facile à mesurer avec des applications web par exemple, tels que Luxmètre.

Un autre changement bénéfique peu coûteux consiste à travailler sur le bruit. Il peut y en avoir trop ou pas assez. Lorsque l’espace est trop silencieux, les collaborateurs risquent d’entendre un bruit de fond dérangeant. Allumer une radio ou prévoir une musique de fond s’avère être une mesure très simple et efficace à cet égard. A l’inverse, un bruit permanent de 70 décibels est épuisant. Dans le cas où, il n’est pas possible de réduire la source du bruit, il existe cependant des protections auditives très efficaces et peu onéreuses. Troisième élément à prendre en compte: la température et l’humidité. En hiver, il est conseillé de maintenir la température entre 21 et 23 degrés à l’intérieur et une humidité de 30 à 50%. En été, si vous utilisez une climatisation, il ne faudrait pas que la température des bureaux soit inférieure de 8 degrés par rapport à la température extérieure.

Quels axes conseillez-vous à mettre en œuvre sur le long terme?

Les chaises et les tables représentent des investissements relativement avantageux tout en affichant une longue durée de vie: entre 7 à 10 ans pour les chaises et de 15 à 20 ans pour les tables. Il faut rappeler qu’un collaborateur engagé à 100% est assis en moyenne environ 1300 heures par année. Concernant les chaises ergonomiques, elles doivent impérativement disposer d’une assise dynamique. Je conseille aussi d’organiser une formation sur leur utilisation. Cela prend 15 minutes est peut faire toute la différence.

Les tables dynamique ou assis / debout coûtent un plus cher. Elles devraient mesurer au minimum un mètre sur deux, avec une charge possible de 100 à 120 kilos et possédant avec au minimum 5 mémoires de réglages. Là-aussi, je conseille impérativement la mise en place d’une formation. Idéalement, il faudrait changer de position plusieurs fois durant une journée. Par exemple, si vous êtes fatigué après le repas de midi, commencez votre après-midi en position debout. Cela vous redonnera de l’énergie.

Enfin, je préconise de disposer d’un bon système pour ranger les câbles sous ces tables, afin de faciliter le nettoyage hebdomadaires, ainsi que les nettoyages des sols en profondeur, qui méritent d’être organisés une à deux fois par année.

Pour ce qui de l’équipement informatique, il faut noter qu’un écran d’ordinateur portable devrait posséder une taille minimum comprise entre 15 et 17pouces. Comme j’explique lors des audits que je propose, l’ergonomie exige de la curiosité, de l’ouverture d’esprit et parfois de sortir de sa zone de confort pour mettre en œuvre les mesures les plus efficaces.

Biographie

Claudio DoigoClaudio Doigo est le fondateur d'Accélérateur de solutions 5.0 (AS 5.0) et promeut une vision holistique de l'environnement de travail. Il est par ailleurs expert en ergonomie, consultant et artisan de solutions chez Holistic Data Analysis.

Contact: claudio@accelerateur.ch / 076 323 73 30

 

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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