«L'EPFL veut donner une dimension plus large aux RH»

Depuis janvier 2025, Anna Fontcuberta i Morral est la première femme présidente de l'EPFL. En quoi cette nomination va-t-elle impacter votre politique RH?

Marianne Wannier: C’est une grande première au sein d’une école politique fédérale! Par son parcours, Anna Fonctuberta i Morral est d’abord une promesse de diversité. À l’origine, elle n’était pas forcément destinée à faire des études et s’est prise de passion pour la physique des matériaux. Le message est donc très clair: même si votre environnement ne vous y prédestinait pas ou que vos parents ne sont pas des universitaires, vous êtes les bienvenu·es à l’EPFL! Elle apporte également une dimension multiculturelle et féminine. À noter aussi que par ses valeurs, elle est très axée sur le travail en équipe. Elle promet aussi de renforcer la dimension humaine de notre organisation et a choisi de donner une dimension plus large aux ressources humaines avec la création d’une vice-présidence pour le développement humain (VPH), une initiative innovante qui prend en compte les questions liées au personnel mais également à la population estudiantine. 

Vous-même avez été nommée Vice-présidente en charge de ce développement humain. Comment allez-vous positionner la fonction RH?

Ce repositionnement implique d’élargir le spectre de nos activités, en incluant les étudiant·es. Ainsi, cette vice-présidence va au-delà de la fonction RH classique. Quand nous parlons de diversité et d’inclusion, cela inclut toute la communauté de l’EPFL. Nous allons développer des services transverses pour l’ensemble de l’EPFL. Le Centre de carrière, actuellement destiné aux étudiant·es, sera élargi à tout le personnel. Idem pour notre Centre de langues et notre service sport & santé. 

Quels sont vos sujets RH prioritaires du moment?

La première chose sera de mettre en place notre propre équipe, puisque la nouvelle VPH intègre plusieurs services rattachés auparavant à d’autres unités. Nous allons donc d’abord nous concentrer sur nous-mêmes pour pouvoir servir la communauté au mieux. Il y a ensuite plusieurs initiatives dans le pipeline: le développement des carrières, des offres de formation plus étoffées, un dispositif revu et renforcé pour la formation de nos apprenti·es et l’optimisation de notre système de soutien en cas de difficultés. 

Quels sont vos défis à moyen-long terme? 

Nous devons nous positionner par rapport à plusieurs évolutions socio-économiques et environnementales. La révolution de l’intelligence artificielle est un exemple parmi d’autres. Nous en avons fait une initiative stratégique, avec un centre dédié à l’IA, non seulement au niveau académique mais aussi à l’interne, pour notre propre gestion. Un autre sujet sera notre manière d’attirer et retenir les nouvelles générations. Sur tous ces sujets, nous voulons mener des réflexions en amont et anticiper les évolutions. À noter aussi que nous serons dans une période de restrictions budgétaires. Nous devons donc travailler sur l’optimisation de notre fonctionnement. 

Qu'est-ce qui fait un bon manager RH? 

Il ou elle doit impérativement avoir des compétences métier solides. À partir de là, toute la différence se fera par ses valeurs humaines: sa capacité d’écoute, son empathie, sa capacité à prendre des décisions adaptées, à les expliquer et à fédérer. L’être humain doit toujours rester au centre, c’est notre force la plus précieuse. Il s’agit aussi de faire preuve de bienveillance. Souvent, quand les gens viennent vers nous, c’est qu’il y a un problème. Il faut donc savoir accueillir ces personnes, quelles qu’elles soient, avec bienveillance. J’ajouterais que l’écosystème qui nous entoure devient toujours plus technologique. Il s’agit donc de rester proche du terrain et de bien connaître tous les métiers de l’EPFL, avec toujours l’humain au centre de nos préoccupations. 

L’organisation 

Fondée en 1853, l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) compte aujourd’hui environ 6500 collaborateurs·trices (dont 370 professeur·es) et environ 14000 étudiant·es. Cela représente une communauté de plus de 20000 personnes. L’équipe VPH compte une centaine de collaborateurs·trices.