Qui prend soin des RH?

Quand prendre soin de soi devient une compétence RH

Face à des attentes contradictoires, les RH doivent jouer aux équilibristes pour garder le cap. Pour rester sain dans ce contexte difficile, de plus en plus de managers pratiquent la sophrologie, une méthode qui combine respiration, méditation, mouvement et images mentales. 

Dans les avions, on rappelle toujours qu’en cas de dépressurisation, il faut mettre son propre masque à oxygène avant d’aider les autres à mettre le leur. Une consigne pleine de bon sens. Comment peut-on aider les autres si on n’est pas bien soi-même? Et pourtant, dans l’univers professionnel, notamment pour les responsables RH, ce principe semble souvent oublié. Entre soutien aux collaborateurs, mise en œuvre des politiques d’entreprise, pression des résultats et contraintes administratives, les RH font les équilibristes. Mais quid de leur propre équilibre intérieur? De leur hygiène mentale, quand ils sont les premiers relais des crises, des changements organisationnels, des conflits ou du mal-être des équipes? 

La santé au travail est une responsabilité partagée entre l’employeur et l’employé. Le cadre légal suisse est clair: l’employeur doit protéger la santé physique et psychique des employés (1). Mais l’individu a aussi un rôle à jouer. Cela passe par des choix quotidiens et des habitudes de régulation: savoir reconnaître ses signaux d’alerte, créer des temps de pause ressourçants, poser ses limites, respirer consciemment, ou encore apprendre à relâcher la pression. Ces gestes simples contribuent à une hygiène mentale durable, indispensable pour rester disponible aux autres. Cultiver cette attention à soi n’est pas un luxe, c’est une nécessité. 

Encore faut-il disposer des bons leviers pour préserver cet équilibre. Car face à des exigences toujours plus fortes et à une pression constante, il ne suffit pas de rappeler l’importance de «prendre soin de soi»: cela nécessite des outils et des méthodes concrètes applicables en un milieu professionnel. C’est précisément ce que propose la sophrologie. 

La sophrologie: une réponse concrète et accessible

La sophrologie est une méthode psycho-corporelle qui combine respiration, relaxation, méditation, mouvements doux et imagerie mentale pour améliorer son bien-être physique, mental et émotionnel. Souvent réduite à tort à une simple méthode de relaxation, elle va bien au-delà: elle renforce la connaissance de soi et les capacités internes, régule le stress et les émotions et développe la résilience. 

Encore peu connue en entreprise en Suisse, la sophrologie y a pourtant toute sa place. Pourquoi? Parce qu’elle répond à des enjeux contemporains essentiels: préserver la santé mentale, soutenir la concentration, réduire le stress, prévenir le burnout, renforcer l’intelligence émotionnelle ou encore accompagner les transitions et améliorer le sommeil. 

En aidant les individus à se reconnecter à leur équilibre intérieur, à stimuler leur bien-être et à renforcer leur capacité à traverser des périodes ou événements exigeants avec plus de distance, de calme et d’optimisme, la sophrologie agit comme un levier de performance durable. Elle s’inscrit dans une démarche active et responsabilisante, dans laquelle chacun apprend à mobiliser ses propres ressources. 

Elle s’utilise aussi bien en accompagnement individuel qu’en collectif. En individuel, bien qu’elle ait toute sa place en prévention, elle intervient souvent lorsque la difficulté est déjà installée: fatigue, réactivité émotionnelle, sentiment de perte de sens, etc. Tels ce directeur financier en surcharge constante, cette collaboratrice sujette à des réactions émotionnelles vives, ou encore cette cadre en burnout en quête de rétablissement. 

Les contextes et les profils varient, mais la sophrologie s’adapte à chacun: elle permet de retrouver un état d’équilibre, de sérénité, de clarté mentale, et de mobiliser ses ressources internes pour avancer. 

En collectif, elle s’inscrit dans une démarche de prévention au service de la qualité de vie au travail (QVT), comme pour gérer le stress ou améliorer la capacité de récupération, ou pour renforcer les dynamiques de collaboration au sein d’une équipe, en favorisant connaissance de soi et écoute active. 

Dans le cadre d’un programme collectif que j’ai mené dans une PME, une séance de sophrologie toutes les deux semaines sur huit semaines, combinée à une pratique autonome 3x/ semaine, a permis une réduction moyenne de 28% du stress perçu par les employés. Appliquée à une équipe RH, la sophrologie devient un levier pour mieux vivre la pression associée à la gestion du capital humain, renforcer la qualité de présence et d’écoute, et maintenir une saine distance face aux enjeux émotionnels. 

Comme toute méthode d’entraînement, c’est l’ancrage dans le temps qui produit les meilleurs effets. Lorsque la sophrologie s’inscrit dans une démarche régulière, ses bénéfices sont durables. Cela suppose aussi une part d’engagement personnel: c’est la discipline et la responsabilité individuelle qui permettent à chacun d’en faire un véritable levier d’équilibre au quotidien. 

Maintenir son équilibre: une compétence professionnelle à part entière

Être disponible, juste et inspirant pour les autres suppose, outre la connaissance de soi, un minimum de stabilité intérieure. Cette capacité à se réguler, à gérer son énergie physique, mentale et émotionnelle et à garder une qualité de présence fait aujourd’hui partie des compétences humaines clés, en particulier dans les métiers RH. On parle d’écologie personnelle ou d’hygiène mentale: un entretien volontaire et régulier de son équilibre intérieur pour mieux travailler, mieux répondre, mieux soutenir, mieux incarner, et au final mieux s’épanouir au quotidien. 

La sophrologie s’inscrit pleinement dans cette logique: elle offre des techniques simples, efficaces, facilement intégrables au quotidien. Par exemple, avant une réunion délicate, une simple visualisation de son ancrage et de son intention permet de calmer son système nerveux et d’arriver plus centré. En cas de pic de stress ou d’émotions intenses, quelques cycles de respiration comptée ou abdominale peuvent suffire à retrouver du calme. Des exercices d’imagerie mentale aident à se préparer à une annonce importante. 

Et si les RH devenaient les ambassadeurs d’un équilibre professionnel durable?

Dans un contexte professionnel toujours plus exigeant, on ne peut plus faire l’économie de prendre soin de soi. En tant que RH, ou plus largement en tant que manager ou employé, prendre soin de soi n’est ni égoïste ni accessoire. C’est une condition préalable à l’équilibre, au bien-être et une véritable base de la performance durable. Et si, demain, cultiver son équilibre personnel devenait la nouvelle compétence à développer, à valoriser, à transmettre et à incarner? Et si vous, en tant que responsable RH, en deveniez l’ambassadeur? Pour inspirer une culture où la performance s’ancre dans la stabilité et la santé de chacun. 

(1) La loi fédérale sur l’assurance-accidents (LAA), l’ordonnance sur la prévention des accidents et des maladies professionnelles (OPA), la loi fédérale sur le travail dans l’industrie, l’artisanat et le commerce (LTr) et l’ordonnance 3 relative à la loi sur le travail (OLT 3). 

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Ex-dirigeante en multinationale, Diane Duperret est sophrologue caycédienne et entrepreneure. Directrice d'aequilibrum, elle soutient les organisations souhaitant allier santé mentale et performance durable. aequilibrum-sophro.ch/entreprise

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